Réagir aux mensonges

Le mensonge est souvent un comportement appris et peut être un mécanisme d’adaptation pour éviter des sentiments négatifs ou des conséquences redoutées, comme le rejet, la punition ou le jugement. Bien qu’il ne soit pas inhabituel de se sentir blessés ou offensés lorsqu’une personne nous ment, si nous examinons de plus près les raisons pour lesquelles les gens mentent, nous pouvons constater que, pour eux, il s’agit bien plus d’éviter la douleur, de combler un vide ou de répondre à un besoin que des sentiments qu’ils ont envers nous.

Les raisons de mentir  

Il existe des problèmes graves qui peuvent inclure le mensonge pathologique, où une personne peut se sentir incapable d’arrêter de mentir, comme le trouble de la personnalité antisociale, narcissique ou histrionique. Il existe d’autres problèmes, comme le trouble de la personnalité limite et certaines dépendances, où le mensonge peut être fréquent, mais n’est pas considéré comme pathologique. Dans ce cas, les suggestions fournies dans la section Favoriser une communication sûre ont moins de chances de fonctionner, et vous devrez peut-être vous protéger.

Cependant, la plupart des personnes que vous rencontrez ou avec lesquelles vous travaillez n’éprouvent pas ces problèmes et peuvent mentir pour les raisons suivantes : 

• elles ont déjà vécu des situations où elles ont été honnêtes et ont involontairement blessé quelqu’un
• quelqu’un a réagi avec colère ou agressivité lorsqu’elles ont dit la vérité
• elles ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles disent honnêtement leurs pensées, leurs opinions ou leurs expériences
• elles veulent éviter d’être ridiculisées ou humiliées
• elles s’inquiètent des rumeurs qui pourraient circuler à leur sujet
• elles ne veulent pas décevoir quelqu’un en disant la vérité
• elles ont du mal à se souvenir des détails et ne sont pas conscientes que ce qu’elles disent n’est pas exact
• elles sentent le besoin d’embellir les choses pour les rendre plus acceptables ou plus intéressantes

Réagir à un mensonge

Quand une personne nous ment, notre réaction naturelle peut être de ressentir :

• une trahison et de ne plus jamais pouvoir faire confiance à cette personne
• un manque de respect, comme si elle pensait que nous ne sommes pas assez intelligents pour découvrir la vérité
• de la colère parce que la personne essayait de nous manipuler

Ces réactions peuvent être néfastes, car elles nous empêchent de comprendre la motivation du mensonge et peuvent faire ressentir de la honte ou de la peur à la personne qui a menti. 

Lorsque nous entendons un mensonge ou que nous soupçonnons qu’on nous a menti, il est important de ne pas réagir d’une manière qui pourrait inciter quelqu’un à mentir davantage. Lorsque vous soupçonnez une personne de mentir ou que vous savez qu’elle ment, posez-vous les questions suivantes :  

• « Pourquoi cette personne ne se sent-elle pas en sécurité ou à l’aise de me dire la vérité? »
• « Cette personne se sent-elle inquiète et craint-elle que la vérité ne soit pas suffisante? » 
• « Cette personne a-t-elle peur de la façon dont elle pourrait paraître? » 
• « Cette personne me dit-elle ce qu’elle souhaiterait être la vérité? » 
• « Cette personne pourrait-elle craindre d’avoir des ennuis si elle dit la vérité? » 

En prenant le temps de nous poser ces questions, nous reconnaissons qu’il existe de nombreuses raisons valables pour lesquelles quelqu’un peut mentir. 

Bien que le fait de « prendre » quelqu’un en flagrant délit de mensonge puisse donner un sentiment de satisfaction, il est probable que cette personne se sente exposée et sur la défensive. Si vous voulez profiter d’une meilleure relation que cela, vous pouvez choisir une réponse moins conflictuelle. Dans un cadre privé, en tête-à-tête, vous pourriez dire : 

• « J’aimerais en savoir plus sur [ce sur quoi la personne a menti]. Vous sentez-vous à l’aise pour me raconter toute l’histoire? » 
• « Vous aviez l’air mal à l’aise de raconter cela. Que puis-je faire pour que ce soit plus facile? » 
• « Je ne suis pas certain que ma mémoire est bonne. Ce dont je me souviens, c’est... »
• « C’est intéressant de voir comment nous pouvons tous deux avoir des points de vue différents de la situation. Le souvenir que j’en ai est... » 

Chacun de ces éléments a pour but de créer une occasion pour l’autre personne de se sentir en sécurité pour dire la vérité. Pour obtenir de plus amples renseignements sur ce qu’il faut dire, consultez la ressource Quand une personne qui vous est chère ment peut-être.

Favoriser une communication sûre 

L’une des façons de réduire les mensonges est de créer un espace de soutien où les personnes sont encouragées à communiquer leurs idées, leurs expériences et leurs commentaires. Voici quelques moyens concrets de favoriser un environnement sûr et positif.

• Célébrez les erreurs et les fautes. Les erreurs font partie intégrante de l’être humain. Elles se produisent également lorsque nous apprenons, grandissons et innovons. Si vous êtes un leader, partagez les erreurs que vous faites tout au long de la semaine avec les membres de votre équipe, et invitez ces derniers à partager des moyens de les corriger ou de les éviter à l’avenir. Après avoir partagé plusieurs fois les erreurs que vous avez commises pour donner le ton, commencez à inviter les membres de votre équipe à faire de même. Ces conversations deviennent des occasions d’apprentissage pour tous les membres de l’équipe et peuvent favoriser la confiance, la compréhension et l’esprit communautaire au sein de votre équipe. Lorsque les personnes se sentent à l’aise de partager leurs erreurs, elles sont moins susceptibles de les cacher ou de mentir à leur sujet. 
• Remerciez les employés lorsqu’ils divulguent leurs vulnérabilités. Il y a un risque à permettre à chacun de se montrer sous son vrai jour au travail. Les gens peuvent craindre d’être jugés, ostracisés, réprimandés ou ridiculisés pour ce qu’ils sont. Lorsque nous permettons à quelqu’un de divulguer ses faiblesses ou ses craintes et que nous l’acceptons pour ce qu’il est, nous créons une communauté et un sentiment de confiance. La prochaine fois que quelqu’un vous fait part de quelque chose de personnel ou de vulnérable, remerciez-le de l’avoir fait devant toutes les personnes présentes afin que tout le monde sache qu’il est possible de le faire en toute sécurité. 
• Joignez le geste à la parole. Il nous arrive à tous de faire des erreurs et de dire ce qu’il ne faut pas, ou de faire du mal sans le vouloir. La prochaine fois que cela vous arrivera, remerciez quelqu’un de l’avoir porté à votre attention, assumez la responsabilité de vos actes et discutez de la manière dont vous pourriez procéder différemment. Cela permet aux gens de savoir que nous ne sommes pas parfaits et que nous pouvons l’admettre sans crainte.
• Demandez aux personnes ce dont elles ont besoin. Une façon d’établir une communication sûre est de demander aux personnes ce dont elles ont besoin pour se sentir en confiance et s’exprimer de façon honnête et sincère. Certaines personnes peuvent demander que, lorsque vous leur offrez une rétroaction constructive, vous reconnaissiez également une tâche qu’elles font bien, tandis que d’autres peuvent vous demander de garder pour vous ce qu’elles veulent partager avec vous. Soyez attentif à leurs besoins, et essayez de les satisfaire dans la mesure du possible.

Se protéger

Personne n’aime qu’on lui mente. Nous pouvons cependant réduire notre propre peine et notre propre souffrance en réalisant que le mensonge est le plus souvent dû à la peur ou à l’insécurité de la personne qui ment. Nous ne sommes pas obligés d’accepter ou de tolérer un mensonge, et nous ne sommes pas obligés de les laisser continuer. Si vous avez donné à quelqu’un la possibilité de vous dire la vérité, et que vous avez créé un endroit sûr pour qu’il le fasse, mais qu’il continue à vous mentir, il est peut-être temps de reconsidérer votre relation.

Bibliographie

• Crossman, Angela et Talwar, Victoria. (2021). « On Building A Model of Lie- and Truth-Telling Trajectories. » Academia Letters. 10.20935/AL3648. 
• Treanor, Katie Elizabeth. « Defining, understanding and diagnosing pathological lying (pseudologia fantastica): an empirical and theoretical investigation into what constitutes pathological lying », thèse de doctorat en psychologie (clinique), École de psychologie, Université de Wollongong, 2012. https://ro.uow.edu.au/theses/3811