Contexte derrière l’outil Se rétablir en travaillant

Mandi Luis-Buckner est l’inspiration derrière Se rétablir en travaillant. Elle nous parle de son expérience avec les troubles de santé mentale. 

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En 2003, Mandi Luis-Buckner a écrit un article intitulé « What I Wish I Knew: A snapshot of depression » (en anglais seulement). Au moment même où elle écrivait cet excellent article, Mme Luis savait, par son expérience, qu’il n’aiderait pas les personnes qui en avaient le plus besoin. Lorsqu’elle n’allait pas bien, elle avait beaucoup de difficultés à lire. C’est cette prise de conscience qui est à l’origine du parcours qui l’a menée à la création de Se rétablir en travaillantMC, une série de vidéos conçue pour s’adresser directement aux personnes aux prises avec des troubles de santé mentale. Les messages sont présentés sous forme de courts vidéoclips qui répondent aux questions les plus pertinentes pour ceux qui en ont besoin.

 

Comme il est expliqué ci-dessus, Mandi Luis-Buckner a été l’inspiration du programme Se rétablir en travaillant. Pour obtenir un complément d’information, vous pouvez lire ci-dessous l’entrevue originale de 2009 intitulée « Conversation avec Mandi Luis à propos du programme Se rétablir en travaillant ».

En 2009, la première version de la ressource Se rétablir en travaillant a été publiée. Elle a été élaborée avec le soutien de l’Association canadienne pour la santé mentale (division de l’Ontario) et la Mood Disorders Association of Ontario. Au cours de la décennie qui a suivi, elle est devenue la ressource la plus consultée sur le site Web de Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale. Ces vidéos ont été organisées sur une liste de lecture spéciale sur YouTube Working Through It 2009 (en anglais seulement).

En 2009, parler de ses expériences personnelles de la maladie mentale était encore chose peu courante. Il fallait avoir un certain courage pour comprendre que, une fois qu’une vidéo était sur Internet, il serait impossible de l’y retirer. Cette situation a été bien expliquée avant le début du projet, et les  participants ont tout de même accepté ce risque en sachant qu’ils contribuaient à la vie de personnes qui souffrent peut-être en silence. En s’exprimant, ils ont non seulement aider des gens, ils se sont aussi aidés eux-mêmes. Nombreux sont ceux qui leur ont demandé des conseils et qui leur ont dit à quel point leurs histoires leur ont donné de l’espoir et des renseignements utiles.

En 2019, on a publié une version à jour comprenant les témoignages de huit des dix participants initiaux et de huit nouveaux participants. Ils se sont rassemblés pour raconter les histoires qu’ils ont vécues dans leur vie personnelle et professionnelle alors qu’ils étaient aux prises avec une maladie mentale. Certains se sont même bâti une carrière en aidant d’autres personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Leurs vidéos sont accessibles sur YouTube et ici. L’Association canadienne pour la santé mentale (division de l’Ontario) et la Mood Disorders Association of Ontario ont une fois de plus offert leur soutien et, cette fois-ci, Revivre, un organisme de santé mentale de Montréal, a également contribué, ce qui nous a permis d’inclure de nouveaux participants provenant de notre communauté francophone.

Conversation avec Mandi Luis à propos du programme Se rétablir en travaillant

Par Mary Ann Baynton, MSW, RSW Directrice,

La santé mentale au travail

Publication initiale dans Moods Magazine, mai 2009

Mandi : Ma situation était principalement causée par des éléments stressants hors du travail. Tout a commencé avec le choc de devenir parent unique de deux adolescents, mon aîné fréquentant un mauvais cercle d’amis et mon plus jeune éprouvant des difficultés à l’école et des problèmes de santé. En plus des efforts pour nous réajuster à la nouvelle situation familiale, déménager de notre maison et assumer des responsabilités additionnelles dans un nouveau poste au travail, j’ai été victime d’un accident automobile avec un 18 roues. Tous ces événements se sont produits en l’espace de six mois. Durant tout ce temps, j’essayais de faire ce que j’avais toujours fait, à savoir ne pas mêler vie privée et vie professionnelle. Chaque jour au bureau, je m’efforçais d’être la même personne, mais chaque jour, je perdais un peu de ma confiance et commençais à ressentir davantage de crainte et d’anxiété. J’évitais mon patron et comptais entièrement sur le soutien d’un seul collègue. J’éprouvais de plus en plus de difficulté à réfléchir sur mon travail, à analyser les choses objectivement ou à me concentrer sur la tâche qui m’attendait. Ma crainte allait croissante. Après 11 mois de lutte pour maintenir le rythme, j’avais perdu toute ma confiance; je commençais à pleurer au travail et à nourrir des sentiments négatifs à l’égard de certains collègues. Malheureusement, je n’avais pas le soutien approprié à ce moment et, au lieu d’aller mieux, ma situation se détériorait. En fin de compte, je sentais que j’étais un tel fardeau pour l’équipe que je décidais de quitter. Cela a entraîné d’importantes pertes financières et, comme vous le savez, quelques regrets.

Mary Ann : Comme Mandi travaillait sur son rétablissement, elle a pris contact avec notre organisation, La Santé mentale au travail, pour demander comment elle pouvait aider d’autres travailleurs qui faisaient face à la même situation. Nous avons décidé qu’elle devrait écrire un article sur les aspects qu’elle aurait aimé savoir durant son épreuve. Le résultat est un témoignage merveilleux que vous trouverez sur www.mentalhealthworks.com sous le titre : ’What I Wish I Knew: A snapshot of my experience with mental illness at work’. C’est une ressource à la fois fascinante et pratique, offerte gratuitement à toute personne qui choisit de le lire. Mais c’est justement de le lire qui serait un exercice difficile, d’après Mandi quand elle n’allait pas bien.

Mandi : J’ai fait des études et j’avais un poste de cadre supérieur. J’avais occupé plusieurs postes de gestion avant cela. J’étais quelqu’un qui cherchait toujours de l’information et faisait des démarches pour obtenir des ressources pour d’autres et pour moi-même. Mes difficultés étaient une surprise pour moi-même et pour ceux qui me connaissaient bien. Durant cette période, j’avais tellement peur et éprouvais une telle anxiété à l’idée d’être incapable de fonctionner que j’en étais paralysée, et cela au point de ne pouvoir trouver mes propres ressources pour réagir ni demander de l’aide. Il ne m’était même pas venu à l’esprit que le soutien existait, et pourtant, j’avais déjà aidé l’un de mes employés qui était aux prises avec une situation semblable. À ce moment-là, je ne savais pas ce dont j’avais besoin ni vers qui me tourner. Pour compliquer la situation, j’avais du mal à me concentrer sur des renseignements complexes, comme un texte écrit. C’est pourquoi après avoir écrit l’article intitulé ’What I Wish I Knew’, je me suis dit que j’aurais probablement été incapable de le lire durant cette période de ma vie. La seule ressource utile pour moi aurait été de l’information simple et pratique, présentée de préférence dans une vidéo brève qui va droit au but et que je pourrais visionner à domicile. J’avais désespérément besoin d’entendre quelqu’un qui avait vécu la même expérience que moi, qui avait retrouvé le sentiment de bien-être et avait pu retourner au travail. J’avais besoin d’espoir, car les seuls messages que j’avais me laissaient entendre que je demeurerais ainsi pour toujours.

Mary Ann : En 2004, quand Mandi me faisait cette suggestion, nous avions des difficultés sur deux fronts. D’une part, La Santé mentale au travail était un programme de bienfaisance sans but lucratif et sans financement (en d’autres termes, nous n’avons pas d’argent); d’autre part, notre programme portait sur les problèmes de santé mentale au travail et non sur les autres facteurs que Mandi voulait aborder, notamment les voies du rétablissement et le système d’invalidité. En 2008, nous avons trouvé les partenaires idéals lorsque la Mood Disorders Association of Ontario, dont la mission est d’appuyer les gens durant le processus de rétablissement, et la Compagnie d’assurance-vie Great-West et leur Centre pour la santé mentale en milieu de travail ont exprimé leur intérêt à transformer l’idée de Mandi en réalité. La Mood Disorders Association a fourni les ressources et les connaissances liées au cheminement personnel vers le rétablissement. La Great-West a fait un don généreux qui a rendu possibles la collaboration entre Mood Disorders et La Santé mentale au travail afin de produire les vidéos, l’accès à l’information pour aider les gens à mieux comprendre le système d’invalidité, l’hébergement du projet final sur leur site Web avec possibilité de consultation gratuite pour tous et, enfin, la contribution du personnel au projet.

Nous avons relevé 10 personnes qui, comme des milliers de Canadiens, se sont retrouvées à un moment de leur vie aux prises avec des problèmes de santé mentale, comme la dépression ou l’anxiété, et ont pu reprendre le dessus et recouvrer leur sentiment de bien-être. Ces personnes ont fourni la principale ressource, soit de brefs vidéoclips qui offrent soutien, espoir, inspiration et suggestions pratiques. Nous avons pu inviter certaines sommités dans le domaine à se joindre à notre groupe consultatif professionnel; leur mandat consiste à s’assurer que notre travail réponde à leurs normes et à nous conseiller sur les possibilités d’amélioration.

Voilà, nous avons trouvé les partenaires appropriés, des personnes inspirantes qui nous livrent leurs témoignages ainsi que les fonds nécessaires pour réaliser le projet. Mandi, qu’espérez-vous en lançant ce projet?

Mandi : J’espère que les personnes aux prises avec des troubles de santé mentale utiliseront cette ressource, comprendront qu’elles ne sont pas seules, que le rétablissement peut emprunter différentes voies et qu’il y a une lumière au bout du tunnel. J’espère qu’elles sauront que la vie ne sera pas toujours telle qu’elle leur paraît aujourd’hui. J’espère aussi que l’information fournie leur sera accessible, quand elles en auront besoin, à différentes étapes de leur rétablissement et qu’elles trouveront de nouvelles idées ou stratégies pour reprendre le dessus et retrouver leur bien-être. En résumé, j’espère que cette ressource offre de l’aide, de l’espoir et du soutien alors que ces travailleurs se rétablissent en travaillant.

Vidéos sur la sensibilisation à la santé mentale est accessible à l’adresse : www.strategiesdesantementale.com

La santé mentale au travail : www.mentalhealthworks.ca

Mood Disorders Association of Ontario : www.mooddisorders.ca

Revivre www.revivre.org

Nous remercions Mandi Luis et l’équipe du projet Se rétablir en travaillantMC avec toute notre gratitude pour leur vision, leur détermination et leur persévérance durant la création de cette ressource des plus inspirantes.

Contributors include.articlesl’Association canadienne pour la santé mentaleL’équipe de Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale 2007-2021Mandi Luis-BucknerMary Ann BayntonMental Health WorksMood Disorders Association of Ontario

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